Le produit d'épargne de Revolut propose d'investir sur des fonds monétaires avec un rendement net et variable allant jusqu'à 3,72% dans sa version en dollars. S'il est soumis au risque de change, il offre une grande flexibilité aux épargnants.

Malgré le gel de son taux à 3%, le livret A a fait le plein au mois de juillet avec une collecte nette mensuelle de 2,16 milliards d'euros. Une épargne conséquente que de nouveaux acteurs tentent de capter en proposant une meilleure rémunération. Parmi eux, la société britannique Revolut qui a lancé ce mardi son premier produit d'épargne en France, présenté comme une alternative au livret réglementé.

Baptisée "compte flexible", cette solution qui mise sur des fonds monétaires propose un rendement brut allant jusqu'à 5,32% sans plafond de dépôts. À titre de comparaison, le livret A est plafonné à 22.000 euros d'encours.

Rémunération pas garantie

Toutefois, cette présentation alléchante cache quelques bémols. Premier point, les 5,32% de rendement promis par le compte flexible Revolut sont exprimés en brut, soit avant imposition. "À 5,32% brut avec la flat tax, cela donne un taux net de 3,72%, au-dessus de ce que propose le livret A aujourd'hui", souligne le vice-président de Revolut monde, Antoine Le Nel sur BFM Business.

Deuxième point, cette rémunération n'est pas garantie, à l'inverse de celle du livret A. "Son modèle fonctionne avec un taux variable qui varie de manière journalière et qui suit les tendances de marché", explique le dirigeant de la fintech.

Des points qui doivent encourager les épargnants à se montrer prudents, d'après le directeur du Cercle de l'Épargne Philippe Crevel, interrogé mardi sur BFM Business.

"II peut y avoir des frais d'abonnement, parfois très élevés, plusieurs dizaines d'euros par mois, donc pour compenser, cela implique de placer des sommes très importantes", prévient-il aussi.

Un risque de change

C'est une autre particularité du produit Revolut: il est adossé à plusieurs monnaies- avec des comptes flexibles en euros, en livres sterling et en dollars américains - qui donnent lieu à des rendements distincts. "Comme les taux sont plus ou moins liés aux taux des banques centrales (plus élevés aux États-Unis qu'au sein de la zone euro), on arrive à capturer des taux plus importants en allant sur le dollar américain", explique Antoine Le Nel.

"Il faut prendre en compte le risque de change si on prend l'option en dollars, qui est la plus rémunératrice", a rappelé le directeur du Cercle de l'Épargne Philippe Crevel mardi. Il évoque "un risque de capital lié aux variations de change".

Mais le vice-président de Revolut monde relativise ce niveau de risque. "On est sur des fonds monétaires, c'est à dire des fonds adossés à des emprunts réalisés par les gouvernements, par les banques et par les très grandes entreprises", explique-t-il. "C'est la raison pour laquelle ce sont des taux très largement liés à ceux des banques centrales", indique-t-il, évoquant "des variations journalières infinitésimales".

Surtout, comme son nom l'indique, le compte flexible a l'avantage d'offrir une grande flexibilité aux épargnants pour retirer leurs fonds en cas de baisse du taux de rendement. "Il n'y a ni de frais d'entrée ni de frais de sortie et les intérêts sont reversés de manière journalière", explique-t-il.

"Dès qu'on voit que le taux descend un peu trop bas, on peut retirer l'argent de manière totalement gratuite en ayant déjà capturé l'ensemble des intérêts", ajoute-t-il.

Reste que, pour ceux qui veulent jouer la sécurité, le compte en euros est bien moins rémunérateur que son cousin en dollars. Le taux maximal de rémunération est de 3,73% brut, soit 2,61% après imposition. Un rendement inférieur à celui du livret A.

Une alternative aux banques traditionnelles

Avec le compte flexible, la fintech britannique entend apporter "un vent d'innovation sur l'épargne" et concurrencer les banques traditionnelles sur ce marché. "Aujourd'hui, elles sont assises sur des montagnes de dépôts qui ne rapportent rien du tout aux clients et rapportent aux banques", déplore Antoine Le Nel.

Avec cette offre déjà proposée en Espagne et en Allemagne, Revolut pourrait bien viser juste. Car si les Français semblent attachés au livret A, les chiffres de la Banque de France démontrent aussi une appétence des épargnants pour les comptes à termes et les autres types de livrets, alimentée par l'inflation et la remontée des taux. Les encours des produits d'épargne non réglementés ont augmenté de 11 milliards d'euros au deuxième trimestre.

"Le monde de l'épargne de court terme est en effervescence dans cette période de hausse des taux et de développement de la finance en ligne", analyse Philippe Crevel qui anticipe l'arrivée prochaine d'autres concurrents.